Lemaître J. (17/05/2016)

cyclotourisme La vie sportive de Jean Rey

Auteur : J. Lemaître

Préface

Bien sûr, les grands randonneurs ne manquent pas à la Fédération. Ils sont même si nombreux que les 92 heures de Jean Rey, dans son Paris-Brest et retour, seraient à peine remarquées, mais lui-même ne s’attribue pas des dons athlétiques exceptionnels. Au contraire. Ce qui le distingue de tous, c’est son acharnement, son courage, sa patience, et, il faut bien le dire, vu son âge, sa résistance au virus du vieillissement qui se traduit chez tant d’autres par le doute de soi, le dégoût, la lente déroute de la volonté et surtout par cet « à quoi bon ! » qui, lorsqu’il est sincèrement prononcé et éprouvé, marque l’irrémédiable fin de l’être. 

C’est pourquoi ce vieux rouleur est devenu une figure dans le monde des diagonalistes, comme Cazassus (mais sur un tout autre plan) l’est dans le monde des randonneurs de montagne. Il est représentatif de cette période bizarre où, à tous les échelons de l’effort, le moteur semble narguer le courage humain et s’en moquer en attendant de l’anéantir. »

C’est ainsi qu’en 1952, Henry de la Tombelle définit Jean Rey : « Car ce ne sont pas les mémoires d’un champion cycliste en renom qui vont suivre. Non ! Ce ne seront que quelques brèves notes glanées au hasard parmi la multitude d’épreuves accomplies par ce cyclo sexagénaire. » Venu très tard à la randonnée, il va en quelques années défrayer la rubrique sportive à un âge où la plupart aspirent à un repos bien gagné. Ayant contracté des rhumatismes dans les tranchées durant la guerre 1914 -1918 et n’obtenant aucune amélioration après deux ans de traitement, il décide de refaire de la bicyclette. En trois ans, ses douleurs ont disparu. Et bien que n’étant pas un mordu du vélo, il persévère alors pour sa santé. C’est ainsi que commence, à 45 ans, sa prodigieuse histoire.

Car ses exploits ne sont pas ceux d’un champion hors série particulièrement doué pour le sport. Il n’est qu’un homme parmi tant d’autres, le sportif que tout le monde peut devenir à force de volonté. Les médecins reconnaissent qu’il a le cœur faible et la cage thoracique étroite. Son cœur l’obligera même momentanément à prendre du repas en 1953, alors qu’il vient de réaliser son rêve, bouclant avec la « Malle des Indes », Calais – Mont-Cenis – Brindisi, la plus longue épreuve du monde, 2 250 kilomètres en une seule étape. Venant après les neuf diagonales de France, dont il est le recordman et le doyen, et deux Paris-Brest et retour, la grande épreuve du calendrier français, ce palmarès se présente comme unique quand on saura que les plus beaux fleurons ont été acquis entre 58 et 63 ans. Modèle de courage et de volonté, Jean Rey est vraiment devenu le porte-drapeau de la cause cyclotouriste ; et c’est le plus bel hommage que nous lui rendons.

1955- 51 pages - édité en 600 exemplaires par l’auteur (cet ouvrage est aujourd’hui épuisé).

 

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