Delbourg Patrice (06/11/2019)
Lanterne rouge
Auteur : Patrice Delbourg
Un matin d'automne parisien, Donald achète un chapeau neuf et une bicyclette d'occasion. Du canal de l'Ourcq jusqu'aux monts de Flandres, attiré par le Nord comme la limaille par l'aimant, démarre un étrange road-movie sur deux roues. Dans sa besace, peu de choses, sinon l'urne funéraire de Malika, sa compagne trop tôt disparue, dont il juré d'aller disperser les cendres à la frontière belge.
En queue du peloton de l'existence, de monastère en palace, de karaoké en peep-show, d'écluses en champs de colza, la Lanterne rouge trace la route à son rythme engourdi. Sur le pavé et dans la boue, à vélo, à vau l'eau, perclus d'amour et de rhumatismes, Donald ira jusqu'au bout de sa promesse. Si la ballade vire parfois au cauchemar, le voyageur montre à l'exemple d'Antoine Blondin que " l'on peut arriver premier dans un état second ".
À chaque tour de roue, cahote un récit tendre, buissonnier, attachant, dont la manière tragi-comique et le ton jubilatoire gardent leurs inconditionnels.
Commentaire de Jean-Yves MOUNIER
Ce livre se trouvait depuis longtemps dans la pile de mes « livres à lire plus tard », il a fallu la découverte de deux titres consacrés aux lanternes rouges du Tour de France pour que je daigne l'ouvrir... enfin !
Quelle claque alors en suivant le road-trip échevelé de Donald vers le Nord, mû par une force intérieure et la promesse de répandre les cendres de sa seule bien-aimée outre-Quiévrain. Dès les premières pages, le style est débridé, fantaisite, imaginative, le vocabulaire est à la fête et les artistes les plus divers sont convoqués à cette extraordinaire fête du verbe : Jacques Tati, Alfred Jarry, Eugène Dabit, pour n'en citer que les premiers, servent de balises à ce voyage artistico-cycliste qui fait passer la plupart des classiques récits de voyage pour d'aimables bluettes.
Patrice Delbourg connait sa littérature cycliste et va y puiser de nombreuses références, son style unique fait immédiatement penser à l'excentricité d'un Alphonse Allais ou à la truculence d'un Frédéric Dard, le bicyclum tremens dont il souffre le fait côtoyer des sommets de délires sémantiques, qu'il aborde l'univers de la bicyclette, celui du chapeau ou encore de la sexualité. Autre sorte de lanterne rouge, celle qui signale aux priapiques l'existence d'une maison dédiée aux plaisirs tarifés.
Donald, le héros au prénom impossible à assumer, surnommé La Ramasse, se découvrira la lanterne rouge de lui-même et son odyssée se terminera là où, inévitablement son caractère fataliste et désabusé devait le conduire.
2003 – 350 pages – Le cherche midi
Prix : 18,25 €
Livre lu et apprécié par le comité de lecture du blog
14:33 Écrit par Biblio-cycles | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer